INKED N°9 JAMES KERN LAURÉAT CHAUDESAIGUES AWARD 2012

Portfolio DU vainqueur du CHAUDESAIGUES AWARD 2012 : James KERN « Un Américain à Paris » Certes, ce concept archi-éculé digne de figurer en couverture de Clichés Hebdo ne semble pas avoir sa place dans les belles pages d’Inked. Mais quand l’américain en question est un tatoueur ultra doué nommé James Kern, le concept se transforme en événement. Alors oui, James et son pote Yall Quinones (ce dernier évoquant furieusement un croisement entre Vin Diesel et Rick Genest) se prêtent avec plaisir au jeu de la visite parisienne avec des photos d’eux sous la Tour Eiffel ou la dégustation d’une crêpe banane/chocolat (véridique !) mais la comparaison avec le touriste de base s’arrête là. James ne porte pas une casquette ridicule marquée du slogan « I love Paris » ni d’appareil photo en bandoulière et n’a pas un plan A3 de la capitale dépassant du sac à dos.

Portfolio DU vainqueur du CHAUDESAIGUES AWARD 2012 :

 

James KERN

 

« Un Américain à Paris » Certes, ce concept archi-éculé digne de figurer en couverture de Clichés Hebdo ne semble pas avoir sa place dans les belles pages d’Inked. Mais quand l’américain en question est un tatoueur ultra doué nommé James Kern, le concept se transforme en événement. Alors oui, James et son pote Yall Quinones (ce dernier évoquant furieusement un croisement entre Vin Diesel et Rick Genest) se prêtent avec plaisir au jeu de la visite parisienne avec des photos d’eux sous la Tour Eiffel ou la dégustation d’une crêpe banane/chocolat (véridique !) mais la comparaison avec le touriste de base s’arrête là. James ne porte pas une casquette ridicule marquée du slogan « I love Paris » ni d’appareil photo en bandoulière et n’a pas un plan A3 de la capitale dépassant du sac à dos.

 

Non, ce quarantenaire natif de Saint Louis dans le Missouri (ville qui a vu naître Chuck Berry) aime trop l’art et les symboles pour se suffire à une vision aussi réduite. Une passion qui l’a touché dès son jeune âge. « Quand nous étions enfants mes frères et moi, nous n’avions pas beaucoup d’argent. Il fallait donc que l’on trouve de quoi s’occuper. C’est ainsi que je me suis mis à dessiner pendant des heures et des heures, chose que ma mère a fortement encouragée ». Trente ans après, Maman peut être fière de ses fils : avoir des jumeaux exerçant la profession de tatoueur (son frère Tim travaille avec le légendaire Paul Booth) ce n’est pas chose courante. Après les heures passées à dessiner mais également à dévorer les comics (« j’ai grandi avec eux et j’ai passé deux ans et demi à colorier des albums pendant mes années d’études »), James débute dans une école d’arts, l’Art Institute de Chicago. Et pour ce passionné, c’est la révélation « Quand je dis que j’aime l’art sous toutes ses formes, c’est une réalité. Je me sens autant influencé par les comics que par les peintres hollandais ou les débuts de la renaissance. Et cette école fut une expérience formidable pour moi ainsi que pour nombre de mes potes étudiants. Parmi eux, cinq ou six sont aussi devenus tatoueurs ».

 

Le diplôme dans la poche, les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Car malgré une première expérience assez particulière « Mon premier tatouage, je l’ai fait dans ma cuisine avec un mec qui s’appelait Craig. C’est d’ailleurs la seule chose que je sais de lui… », James se couvre de plus en plus les bras et commence, dès 1994, à remplir de couleurs ceux de ses amis. Deux ans plus tard, il est embauché dans son premier studio et en 1999, il débute l’aventure No Hope No Fear Tattoo, le studio qu’il tient depuis avec beaucoup de talent. Ils sont deux à se partager les clients de plus en plus nombreux à vouloir se faire tatouer par la main de James et de son binôme. Et parmi les demandes des clients, l’une d’elles restent particulièrement dans sa mémoire. « Un jour, un type m’a demandé de lui tatouer une ampoule sur le front… Mais c’est la seule demande farfelue que nous ayons eue. Les gens doivent nous contacter par le biais de notre site internet pour avoir un rendez-vous, ce qui évite ce genre de choses. J’ai la chance de travailler avec des gens qui ont des idées de tatouages très intéressantes et je considère vraiment le tatouage comme un art voilà pourquoi les demandes surréalistes ne m’amusent pas ».

 

Sérieux et rigoureux donc, mais également très talentueux développant son propre style. Car là repose la force de James Kern : un style unique qu’il a pourtant du mal à clairement définir. « Quand j’ai débuté, j’étais dans la démarche de faire un mix entre l’old school et le new school mais tout ceci a tellement évolué. J’aime à penser que je suis plus influencé par l’art dans son ensemble que par les différents styles de tatouages. L’art psychédélique d’Alex Grey par exemple est une grande influence pour moi, autant que Dali, Bosch ou Kris Kuksiand. J’ai bien sûr un grand respect pour de nombreux tatoueurs comme Victor Portugal, Robert Hernandez ou Stéphane Chaudesaigues mais je ne veux pas tatouer comme eux, j’essaye d’avoir mon propre style ».

 

Un style qui force l’admiration, notamment celui de Stéphane Chaudesaigues (justement) qui a eu le nez très fin en récompensant James par le Chaudesaigues Award (voir numéro précédent). Et c’est un James très ému qui évoque cette distinction. « Depuis le début de ma carrière, j’ai sans cesse tenté de m’améliorer, de donner le meilleur. C’est dont une sensation incroyable d’être ainsi reconnu pour mon art et pour mon travail ».

 

Concernant son futur, James déborde d’idées. « J’ai pour projets d’agrandir mon studio, de faire venir d’autres artistes, de faire imprimer une nouvelle version de mon livre avec de nouvelles illustrations et de sortir un DVD d’instructions et de conseils pour les artistes ». Et concernant son style ? « Le tatouage et en constante évolution, il faut donc vivre avec. Actuellement, il prend deux directions bien distinctes : soit de plus en plus réaliste, soit de plus en plus abstrait. C’est fascinant de voir ces changements, jamais je n’aurais pu imaginer ça quand j’ai débuté. Et quand j’ai vu pour la première fois les tatouages de Stéphane Chaudesaigues, j’ai réalisé combien ces derniers pouvaient devenir des œuvres d’art et non de « simples » tatouages ».

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