INKED N°7

Après les Academy Awards (que d’ici à Hollywood, on n’appelle plus que les Oscars) créés en 1929 pour récompenser les meilleurs d’une année dans le monde du cinéma, après les Gramophone Awards ou Grammy Awards (sinon Awards tout court) pour celui de la musique en 1958, voici venir pour le mois de février 2012 et pour les tatoueurs, le Chaudesaigues Award !

 

Présenté comme ça, ce projet fait un peu mégalo. Il n’en est rien. D’abord, parce qu’il fallait y penser à cet award, première récompense offerte à un tatoueur professionnel à l’échelon mondial, en faisant abstraction de son style, de sa génération… Première récompense qui sorte largement des « best prize » attribués, souvent un peu à l’arrache, en conv’ et, de fait, plus au tatoué qu’au tatoueur.

Ensuite, parce qu’il fallait porter ce projet, pendant deux longues années, avant qu’il ne trouve son aboutissement. Et que, pour ce faire, devait s’y investir corps et âme quelqu’un qui compte, internationalement et depuis longtemps, dans le monde du tatouage. Stéphane Chaudesaigues, en l’occurrence. Inutile ou presque de faire les présentations. Enfin, si vous ne connaissez pas le monsieur, ruez vous toutes affaires cessantes sur le premier numéro de Inked dans lequel Stéphane Chaudesaigues nous faisait l’honneur d’inaugurer la rubrique « Icône ». Normal donc que cet award porte le nom de son créateur. Même si l’appellation de ce tout nouveau prix va bien au delà. Parce que, sans sombrer dans le pathos, il y avait chez Stéphane Chaudesaigues, un besoin de renouer avec ses racines familiales, de pouvoir assumer le nom d’un père parti sans laisser d’adresse. Une quête qui a amené Stéphane Chaudesaigues à remonter jusqu’à la fin du XIVe siècle, découvrant au passage l’existence d’un  prix Chaudesaigues, créé au XIXe siècle au sein de l’école des Beaux-Arts de Paris, par un de ses ancêtres, Eusèbe Joseph Adolphe Chaudesaigues. Un prix qui récompensait un jeune architecte en lui offrant, à l’instar du célèbre prix de Rome, une bourse finançant deux ans d’études en Italie. Dans la liste des bénéficiaires de ce prix Chaudesaigues, quelques grands noms de l’architecture française de cette fin du XIXe, René Binet, par exemple, qui a signé, entre autres, l’immeuble du Printemps de la Mode, boulevard Haussmann à Paris. Un symbole de la capitale de la Belle Époque.

Pas un hasard donc si le trophée du Chaudesaigues Award  se veut un hommage à cette même Belle Époque : ce Cœur des Marguerites en bronze, marbre et or  imaginé par Stéphane Chaudesaigues et façonné par le fondeur Jean-Baptiste Martin. Un cœur empli de symboles, clin d’œil à un motif classique du tatouage bien sûr, matérialisation aussi et surtout comme l’explique Stéphane Chaudesaigues, d’une « histoire d’amour ». Ce cœur des Marguerites  « raconte l’amour qui lie deux frères, l’amour qui lie un père à ses enfants, l’amour d’un homme pour son métier de tatoueur ». Parce que chez les Chaudesaigues, de père en neveux et de frère en fille, le tatouage, c’est une affaire de famille.

C’est en hommage à cette saga familiale et à l’ancêtre Eusèbe Joseph Adolphe que le futur bénéficiaire du tout premier Chaudesaigues Award  se verra offrir un séjour d’une semaine (pour deux, parce que, comme le dit Stéphane Chaudesaigues, « il y a toujours une femme derrière un tatoueur ») au cœur d’un Paris de toujours. Face aux tours de Notre Dame, dans un charmant hôtel du Quartier Latin qui fut, à la fin des Fifties, le repaire des écrivains de la Beat Generation. Avec un pass qui ouvrira au lauréat les portes de tous les musées de la capitale. Ce premier Chaudesaigues Award offrira également à son gagnant, un séminaire individuel de trois jours avec un tatoueur partenaire du projet et un stand dans les allées de la convention Best of the Midwest  les 10, 11 et 12 février 2012 à Council Bluffs dans l’Iowa. Parce que c’est aux Etats-Unis que sera dévoilé le nom du premier gagnant du Chaudesaigues  Award. Démarche symbolique là encore, puisque c’est outre Atlantique que la carrière de Stéphane Chaudesaigues a vraiment démarré, avec, par exemple, le titre d’artiste de l’année décerné en 1995 par la National Tattoo Association.

Avec un jury composé, excusez du peu, de Shane O’Neill, Nikko Hurtado, Boris Zalaszam et Andréa Afferni pour cette première édition, il est presque inutile de préciser qu’Inked attend avec une impatience difficile à dissimuler de découvrir le nom et surtout le travail du tout premier lauréat du Chaudesaigues Award. Un nom dont on devrait se souvenir. Parce que c’est également un des buts avoués du Chaudesaigues Award : en célébrant un tatoueur et son travail, ce prix se met également au service de la mémoire, de l’histoire collective du tatouage. Cet award doit permettre de faire le lien entre plusieurs générations de tatoueurs :  les pionniers, les grands anciens, enfin, tous ceux qui, au fil de décennies, ont contribué dans des conditions pas toujours faciles (et c’est un euphémisme…) à faire du tatouage ce qu’il est aujourd’hui,  et les « petits nouveaux ». Comme l’explique son créateur, « plus qu’un simple prix », le Chaudesaigues Award se rêve comme « une tentative d’union internationale de cette confrérie qu’est le tatouage », il doit matérialiser l’envie que « que le tatouage soit un univers sans frontière ». Version francophone d’un mag U.S., Inked ne pouvait donc logiquement que s’associer à cet excitant projet. 

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